Dépression, spectre et Slice of life: critique du Webtoon « Porte Bonheur »

Porte Bonheur est une œuvre singulière du Webtoon écrite et dessinée par Tacméla. Ce webtoon, à la fois poignant et enchanteur, aborde des thèmes délicats tels que la dépression, les spectres du passé, les premiers amours et la reconstruction de soi. Un récit haut en couleur porté par une direction artistique éclatante.

Laissez-moi vous parler d’une oeuvre qui m’a passionné dans cette critique garanti 1% jeu de mots, 99% Griffure. 

Narration et Thèmes

Déjà, je tiens à dire que j’ai été très agréablement surpris lors de ma première lecture de l’oeuvre il y a deux ans. 

Tacméla excelle dans la mise en scène de son histoire, offrant une représentation honnête, et intime de la dépression. Clément, notre protagoniste du jour, en proie à des sentiments de tristesse et de désespoir, navigue à travers des journées ternes et l’ennuie. Les spectres du passé ne sont pas seulement des souvenirs, mais des entités quasi tangibles qui hantent son quotidien.

Les fantômes démoniaques (et accessoirement bien emmerdant pour nos personnages !), symbolisent les traumatismes et les regrets non résolus, ajoutant une dimension surnaturelle (parfois phantastique, allez le jeu de mots c’est cadeau) qui amplifie l’intensité du récit.

Le personnage de Angst, le fantôme qui hante notre héros, est extrêmement bien pensé: il offre une perspective autrement poétique du vécu du personnage. Entre les crises d’angoisses, les resserrements et le stress subit par le personnage, rien de tel qu’une bonne dose d’humour noir balancée OKLM par un fantôme qui à l’air de se moquer éperdument du triste ami qui le fait subsister. Angst souligne au fil du récit les relations toxiques, les moments d’insouciance et les dingueries que vit Clément. Les décisions, les prises de risques, les questionnements, l’ennuie… Angst est littéralement la hantise de notre lecture ! 

Le webtoon explore le genre Slice of life avec une sensibilité particulière. Les interactions authentiques entre les personnages, les petits moments de joie et de tristesse, et les moments quotidiens sont dépeints avec brio: l’auteur arrive à créer des ambiances en soignant ses temps de pause, et jouant sur les regards.

On découvre ici une galerie de personnage éblouissant et dont la présence au fil du récit est vraiment complémentaire et presque infaillible.

Big up au personnage du meilleur ami d’enfance qui est en fait un gros connard. Si je devais émettre un bémol sur l’histoire, c’est que la fin de ce personnage est à mon goût un brun exagérée. Le gros chenapan, du début jusqu’à la fin du récit ! Comme quoi, pas besoin de fantastique pour voir des ombres aux tableau. Allez hop, ça finit en friend zone !

Les arcs narratifs sont pensés de cette manière: déprime du début, la descente aux enfers, puis les rencontres décisives qui créent les conditions idéales pour la remontada. La romance n’étant pas au coeur du récit, on se focalise d’avantage sur le ressentiment des personnages. La scène de rencontre entre les deux fantôme est profondément géniale. Voir grandir les personnage est extrêmement gratifiant, et plus encore de voir la tristesse se dissiper (comme le spectre. S’il vous plait, respectez mes jeux de mots).

La version bande dessinée papier ! – © Tacméla

Petit mots pour la partie dédiée au jeu de rôle qui à mon sens est une allégorie du vécu des personnage dans le jeu. J’ai eu l’impression d’avoir une mise en exergue de la fiction elle-même. Bien pensé.

La fin est adorable et instantanément culte (non mais le twist ectoplasmique wow).

Graphisme et Esthétique

Les illustrations de l’auteur sont un autre point fort de Porte Bonheur. Les dessins, souvent en nuances douces et mélancoliques, capturent parfaitement les émotions des personnages. Les visages sont expressifs, et chaque scène est détaillée, permettant au lecteur de ressentir pleinement l’ambiance de chaque moment. Les transitions entre les ressentiment réel et surnaturel sont fluides, renforçant l’idée que les spectres sont une partie intégrante de la vie du protagoniste.

Je précise que je n’ai pas lu les autres oeuvres de l’auteur, mais j’imagine que la direction artistique évolue au fil des projets.

L’oeuvre ne se contente pas de divertir. Il m’a vraiment engagé, et propose une perspective poétique d’une souffrance mélancolique, inévitable et rassembleuse. Tacméla réussit à créer un équilibre harmonieux entre le réel et le fantastique, entre la douleur et la beauté de la vie quotidienne. En bref, un phantasme (j’ai mis du temps à la trouver celle là) qui contribue à rendre les personnages attachants. 

Quand les spectres incarnent les angoisses, quand le bonheur est dans les détails, et quand l’autre devient pilier.

Qui allez-vous appeler ? S.O.S. Fantômes mon gars. Oui, je suis parti loin.

Pour ceux qui cherchent une lecture qui touche l’âme comme le coeur, « Porte Bonheur » est une œuvre incontournable et boo-leversante (oui, je sais, c’est nul). 

Note: notre petit déprimé préféré/20


Porte Bonheur, de Tacméla (linktree). Disponible gratuitement en lecture libre sur l’app Webtoon et Tapas, et au format Papier chez Leduc Graphic (Amazon).


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